Visage de Louise
Installation 2018
Installation dans le cadre d’une exposition « Éloge de l’ombre » du lundi 9 avril au 15 avril 2018
Au Laboratoire d’Exposition 13 rue de l’Échiquier Paris 9ème
4 vidéoprojecteurs, 4 cahiers vierges de formats différents, 1 photographie.
Au premier abord, on ne voit rien mais quelque chose se passe.
On ne sait pas où cette chose se passe.
Pourtant, cette chose appelle.
Elle dit « regardes-moi apparaître ».
Il y a un visage et les pages blanches ou noires d’un cahier.
Le visage semble affleurer sur les tranches des pages.
« Visage.
Quand le livre s’ouvre, la lecture commence.
Impérieusement, elle suscite silence, intériorité et lenteur.
Impérieusement, elle suscite un lecteur.
Comme mon visage, sans défense.
Comme ton visage, dénudé.
Dénudé, offert et exposé,
Sans défense, offert et faisant face.
Poème.
Offert. »
S.G.
Références
« Héloïse, Perséphone, Marie,
montre enfin ton visage pour que je voie
ma figure véritable, celle de l’autre,
ma figure de nous autres toute à tous,
figure d’arbre et de boulanger,
de chauffeur et de nuage et de marin,
figure de soleil et de ruisseau et de Pierre et de Paul,
visage de solitaire collectif,
éveille-toi … »
Octavio Paz dans Liberté sur parole
« La relation avec le visage peut certes être dominée par la perception, mais ce qui est spécifiquement visage, c’est ce qui ne s’y réduit pas.
Il y a d’abord la droiture même du visage, son exposition droite, sans défense.
La peau du visage est celle qui reste la plus nue, la plus dénuée.
La plus nue, bien que d’une nudité décente.
La plus dénuée aussi : il y a dans le visage une pauvreté essentielle…..
Le visage est exposé, menacé, comme nous invitant à un acte de violence.
En même temps, le visage est ce qui nous interdit de tuer.
Le visage est signification, et signification sans contexte.
Je veux dire qu’autrui, dans la rectitude de son visage, n’est pas un personnage dans un contexte. ….. le sens de quelque chose tient dans sa relation à autre chose.
Ici, au contraire, le visage est sens à lui seul.
Toi, c’est toi. »
En ce sens, on peut dire que le visage n’est pas vu .
Le visage est ce qu’on ne peut tuer, ou du moins dont le sens consiste à dire « tu ne tueras point. »
« Visage et discours sont liés.
Le visage parle. Il parle, en ceci que c’est lui qui rend possible et commence tout discours….
C’est le discours et, plus exactement, la réponse ou la responsabilité, qui est cette relation authentique. »
Emmanuel Lévinas (1906-1995), Ethique et infini (1982).